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1 :: 30/09/08 :: 21:09 :: copainsdac
Dans les champs…

les labours

Dans les champs…

Les labours!





Les dernières récoltes sont faites, les champs désespérément nus et en désordre par les passages des machines et tracteurs qui les ont libéré de leurs fruits, blé, avoine, colza, trèfle, luzerne, ou même pommes de terre. C'est déjà un certain repos, mais pas la remise en beauté.

Tôt le matin, papa m'envoie chercher "les plates" pour les charrues, chez le forgeron à Cabanès, il est déjà demandé un peu partout pour les labours.



Après avoir bu, un grand bol de lait, et mangé une tartine, je me couvre d'un gilet, il fait déjà plus frais, je prends mon vélo, un sac pendu au guidon avec des plates à préparer, et me voilà partie, en route vers le petit village voisin.



J'aime aller sur cette route, là, se trouve notre champ, le Camp Grand, d'où je peux tout voir en tournant sur moi-même, seul, Cabanès légèrement plus haut m'empêche de voir, entièrement, le côté Sud .

J'aime tous ces sommets de nos vallées, où on peut s'asseoir, et rester là, à observer ces merveilles qui changent sans cesse, avec les heures et le temps, où suivant comme le soleil les inondent et les balaie de ses rayons, et rend toutes ses ombres d'un gris bleuté, presque cendré.




Les nombreux villages tout autour, s'accrochent aux flancs de ces vallées, et on peut tout voir, et entendre, le chien qui aboie dans cette ferme solitaire au loin, l'heure qui sonne au clocher de Naucelle, Sauveterre, et ainsi, celles des autres clochers s'égrènent et habillent ce silence à peine brisé de sons naturels, des chants d'oiseaux et appels de bêtes qui se répondent et se parlent entre elles, pour se raconter peut être leur été, et se dire au revoir, car elles vont bientôt entrer pour passer l'hiver au chaud dans les étables pour n'en ressortir qu'au Printemps, lorsque le soleil, sera devenu un peu plus haut, un peu plus chaud.



Un peu partout des fumées montent plus ou moins droites vers le ciel d'un beau bleu, encore,

Ce sont les broussailles et les ronces, de certaines haies taillées par ci par là…

Je peux apercevoir pour certaines, le paysan abattre, avec force et cadence, son bras, une faucille au bout, et jeter, une fois plusieurs mètres de faits, le tas de ronces dans son feu qui se met à fumer encore plus, c'est du vert, et se remettre en flamme dès que l'homme a le dos tourné.

Je vois un chasseur traverser un champ, son chien le précède, un autre, quelques pas devant lui, avance en reniflant la terre, et faisant des zigzags, un autre chasseur plus loin est en planque.



Tout me distrait, l'âge de l'innocence et de l'inconscience sont là, et avec, l'apprentissage de la vie. J'étudie en observant, comme tous les enfants des campagnes, nos parents sont rarement bavards, ils ont appris avec leur parents et reproduisent la même chose, et nous ne savons pas forcément les même choses que les enfants des villes, mais ils ne savent pas non plus les nôtres, alors tout bien pesé, nous sommes pas mal dégourdis, et bien plus costauds, il faut avancer avec tous les temps, à l'abri de rien, et surtout aucun confort dans les maisons, élevés plus à la dure, mais comme nous ne connaissions rien d'autre, nous n'avions pas la sensation d'une certaine défaveur.

Nous avions aussi d'autres joies, cet immense terrain de jeu, qu'était cette belle nature, même pour le peu de temps que nous avions pour jouer.



Grimper aux arbres et s'asseoir tout là haut, y dominer le monde, et y laisser l'imagination s'évader, jusqu'au point, de ne pas s'apercevoir que les vaches avaient sauté dans le maïs du voisin, ou le trèfle, les rêves pouvaient tourner même au drame, s'ils duraient trop, ce qui était souvent mon cas, j'étais une immense romantique et une grande rêveuse, je partais dans mes champs avec mes vaches et ne savais jamais en revenir. Une fois les fesses posées dans un coin d'herbe, le bébé chien enfermé dans mes bras au chaud, et les vaches que je pensais bien occupées, le décollage ne tardait pas, et voilà mon esprit voyageur en dérive totale. Il suffisait d'un début de lecture romantique, d'un vol d'oiseaux, du passage d'un beau papillon, et c'était le grand voyage, seuls les chiens furieux, m'arrachaient à mes songes, mais souvent bien trop tard, les vaches avaient déjà attaqué le dessert d'un voisin, son maïs, et c'était la panique…



Vous voyez, j'étais déjà partie ailleurs, incorrigible, et j'en oubliais mes fameuses plates pour les labours.

Tout le long de mon trajet, peu de personnes encore au dehors, tous sont dans les étables, porcheries ou poulaillers…

J'arrive chez notre forgeron, Monsieur Tardieu, un homme extrêmement gentil, il me remet cela, enveloppé dans du journal, et un sac de toile de jute, je lui donne les autres à préparer, et après les "au revoir" habituels, je repars pour la maison.

A la Croix Vieille, je rencontre Monsieur Panis dans sa belle traction il ralentit et s'arrête pour me saluer et me demander des nouvelles de papa, et me demande que celui-ci passe le voir.



Un peu plus bas, après être sortie de Cabanès, j'arrive à la Mothe, je dois m'arrêter, toute la famille Mazel, ils ne sont pas de trop, fait sortir l'immense troupeau de six cent moutons environ, ce n'est pas une mince affaire, mais cette fois ils vont aller juste dans le champ d'en face ou Jules va les garder, cet homme là, fait communion avec ces bêtes et il en obtient ce qu'il veut, c'est trop beau et impressionnant.



Des haies d'aubépines longent la route, y sont plantés de magnifiques chênes centenaires, des oiseaux s'échappent à mon passage, pourtant sans bruit, mais faut croire pourtant, que je les dérangeais.

Les derniers papillons volent du bleuet rabougri, aux grosses marguerites et vieux boutons d'or, qu'il reste encore, venant boire là , leur dernier suc avant le sommeil de la nature.





Sur ma gauche, Pépé Andrieu, sa casquette en pointe qui cache son regard, essuie sa moustache, il est arrivé avec ses vaches dans son champ du bord de la route, au tournant de la pointe de la route du Mazet, Villelongue, tout près de lui, Angèle son épouse, dont les yeux sont d'un bleu magnifique, et les joues rondes à la peau joliment plissée, et cette belle chevelure grise toute bouclée, une vraie poupée russe.

Un peu plus loin, à la Landes, Maria est déjà affairée dans son jardin, près de sa grande maison, à ramasser les légumes pour sa soupe et le repas de midi, de jolies courges colorent ce petit coin bien rangé, les poules caquettent toutes contentes, dans l'enclos d'à côté, heureuses, des délicieux déchets de salade que Maria, leur jette, par-dessus le grillage, depuis son potager.

Je lui crie un petit coucou, mais je crois bien qu'elle ne s'en sera aperçue, que lorsqu'elle aura cherché d'où cela venait, et aperçue au bout du chemin, filer sur mon vélo, je ne pouvais pas attendre son bonjour, j'accélérais, papa m'attendait, et moi je papillonnais, il n'allait pas être très content, même s'il savait que c'était toujours ainsi.

Arrivée à la première maison du village, celle d'Angèle, puis celle d'après, où vivait Louise, sa sœur, les vaches sortaient de l'étable, poussées par Cayol notre domestique, venu, lui donner un coup de main, Monsieur Enjalrant son époux s'était noyé dans la mare en face chez eux, quelques nuits d'avant, en nettoyant son écuelle et outils de maçonnerie. Il faisait déjà froid. Cela avait été une grande émotion dans notre petit village, je me souviens de lui avec sa casquette toujours de travers, et de Louise avec sa peau légèrement hâlée et fripée avec tant de netteté, comme si son époux gravait au burin, les rides dans ce joli visage rond, et toujours coiffée d'un béret.



Plus bas dans le tournant, tellement aveugle et dangereux, habitaient les fermiers de la famille Bibal, dont les filles étaient nos amies, Marcelle celle de Claudine, Simone la mienne et je l'aimais beaucoup. Malheureusement après le décès de leur père, elles ne venaient que pendant les vacances, vivre dans une partie de la maison que leur maman avait conservée à cet usage après leur départ.




C'était dans cette maison, que lorsque j'avais cinq ans, fin décembre de ce terrible hiver 56, mon grand père nous y conduisait, pour passer normalement la nuit, mon petit frère allait venir au monde chez nous, le docteur était là. Je me souviens combien nous étions heureuses de nous retrouver toutes les quatre, et moi trop petite pour avoir compris la raison, pépé, m'avait dit: " il y aura une belle surprise demain"…. Il n'a pas tenu jusqu'au lendemain, en pleine nuit il venait nous annoncer la venu du bébé et nous ramenait chez nous, c'était enfin un petit garçon…



Je passe devant notre maison, dans cet autre mauvais tournant, car une bonne étoile veille sur notre village depuis longtemps, et je file vers la grange un peu plus loin. Papa prépare son tracteur, sa remorque avec le carburant, les graisses, la charrue, et une fois tout rassemblé, je l'aide à mettre son tracteur en route, l'engin crache bruyamment, j'en ai la chair de poule, c'est si beau, impossible d'y rester insensible.. J'aide papa à tout atteler, et voilà le petit convoi qui tourne par le sol pour s'engager vers la sortie derrière la grange. La fumée bleue s'échappe du gros pot d'échappement, papa me demande si je veux monter avec lui sur le tracteur jusqu'à la maison, cinquante mètres plus loin, mon cœur bat trop fort, je grimpe sur cet engin qui vibre d'impatience, et j'abandonne sans regret mon vélo qui me semble d'un coup sans intérêt.



Papa tous comptes faits, s'arrête juste pour dire à maman qu'il m'emmène avec lui, comme le champ qu'il va labourer n'est pas loin de chez nous, je peux revenir à pied si je veux.

J'aime entendre cet engin grimper la longue côte du village, il crie et tape dans ses entrailles, et monte avec une facilité incroyable, peu importe sa charge, il ne sourcille pas.

L'agriculteur, et ami, attend, papa dans son champ, pas loin de Naucelle, à Pauletous le Haut.

Après les congratulations, et les nouvelles échangées, papa entame le champ, et c'est là encore quelque chose de magnifique cette terre retournée de façon aussi régulière , redonnant au champ un bel habit nouveau, aux couleurs variées de marron, pour passer l'hiver…

Le tracteur avance et progressivement la charrue ouvre les entrailles de la terre, des corbeaux se posent, des pigeons ramiers aussi, et mangent tous les vers qui sont remontés à la surface. Des nuées de petits moineaux tombent sur la terre fraîchement ouverte pour y manger ce que les gros oiseaux auront oublié, ils en repartent aussitôt et ce ballet incessant se poursuivra tout le temps des labours….



Pa
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Les articles présentés dans ces archives couvrent 12 ans d'actualité naucelloise. C'est une contribution importante à la mémoire du village aveyronnais de Naucelle.Le contenu - textes et images - a été élaboré par André Bec et moi-même, avec un part prépondérante du premier cité depuis quelques années.

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Quant au nouveau naucelle.com,il bénéficie donc de la toute nouvelle version du Chant de l'Alouette (version 6) ,J'ai choisi ce nom car mon systéme est léger et nâtivement francophone. Deux choses assez rares.Cela me prend du temps, mais au moins, même si ce n'est pas le Pérou, j'ai la satisfaction de pouvoir proposer des sites sans dupliquer WordPress and Co

Hubert Plisson
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